Avril : Et si nous ne dormons pas, vivons-nous ?

On aurait tendance à le négliger voire l’oublier pourtant il sommeille là et partout dans le monde. Il est indispensable et rythme toute notre vie, parfois à nos dépends ou ceux de nos employeurs…Je veux parler du sommeil !

Après avoir vu l’importance de l’alimentation avec Marie Steva et la question de l’activité physique adaptée avec Côme Dufour, il semble raisonnable de s’attaquer à un sujet tout autant intéressant bien que négligé.

À travers cette interview avec Fabrice Khédadi, apprenons-en plus ensemble !

En quoi consiste le sommeil ?

Pour la plupart des gens, le sommeil c’est le processus permettant de « se réparer » et de « recharger ses batteries ». À vrai dire, cela n’est pas faux mais c’est réduire le sommeil à une activité. Toutefois, aujourd’hui on sait grâce aux neurosciences que le sommeil est un ensemble de processus agissant sur le cerveau et le corps. En effet, le sommeil permettrait de garder une bonne santé et d’intégrer toutes les nouvelles choses vues et vécues durant la phase de non-sommeil (éveil). Cela veut dire que l’apprentissage se concrétise durant le sommeil car c’est le moment où le cerveau va comparer ce qui a été vécu avec sa mémoire et intégrer les nouveautés : c’est un peu comme la mise à jour d’un logiciel mais en plus complexe bien-sûr. 

Il est entendu que l’une des activités durant le sommeil est aussi la réparation des cellules mais cette activité a aussi lieu durant la phase éveil. Quand on se coupe ou l’on se blesse, le corps n’attend pas la nuit pour commencer à engager les processus de réparation. Disons plutôt que durant le sommeil, c’est le niveau hormonal qui va être changé et permettre de redémarrer avec le plein d’énergie. D’ailleurs certains chercheurs posent la question légitime de savoir si c’est le sommeil qui engendre l’activité ou bien l’activité qui demande un sommeil … assez philosophique !

Quelles sont les différentes phases du sommeil ?

Durant la phase de sommeil, le cerveau active différents cycles à différents moments de la nuit. On sait aujourd’hui distinguer au moins trois phases de sommeil :

•  Le sommeil léger : le début d’un cycle et où le cerveau nous invite à nous relâcher pour nous plonger dans un état modifié de conscience qui reste proche de l’état de l’éveil.
• Le cycle du sommeil profond : état modifié profond où les fréquences émises sont différentes et permettent l’activation du processus pour le processus de réparation. Il est prédominant durant les 2 ou 3 premiers cycles de la nuit (lors des premières heures de sommeil).
• Le sommeil paradoxal (appelé aussi « phase des rêves ») : cette phase qui correspond au 5 ou 6eme cycle de sommeil, le cerveau s’active à comparer notre mémoire avec ce qu’il a enregistré durant la journée et intègre, et stocke son résultat mis à jour. C’est surtout au petit matin que le sommeil paradoxal est prédominant et nous invite à rêver tout en intégrant les nouveautés…

À quoi sert le sommeil ?

On l’a dit plus haut sous différents aspects, et je pense que cette question n’est pas une question car le sommeil fait partie de nous. Pourquoi ne pose-t-on pas la question à quoi sert l’éveil ? En fait, consciemment on pense que l’éveil est le seul état de vie si je peux dire, alors que le sommeil, pour moi, est simplement un autre état (non-conscient).

Que faire ou ne pas faire avant de dormir ?

Avant de s’endormir, il est important de se relâcher, et donc ne pas charger nerveusement notre cerveau pour qu’il puisse activer le sommeil. C’est pourquoi, écran, activité physique, manger tardivement, ne sont pas vraiment recommandés pour avoir un sommeil de qualité. Ne pas oublier que c’est grâce au sommeil que l’on repart avec le plein (ou pas) d’énergie le matin suivant.

Le sport aide-t-il vraiment à bien dormir ?

C’est assez compliqué car suivant la personne et l’heure à laquelle il est pratiqué, le sport ou l’activité physique peut être bénéfique ou néfaste. Il est en revanche essentiel de pratiquer une activité physique modérée durant TOUTE la journée, celle-ci permet la régulation diurne de toutes nos hormones veillant au bon fonctionnement de notre corps.

Un manque de sommeil, quel impact sur le corps et l’esprit ?

Sur ce point, je prendrais le cas extrême qui résume à lui seul la nécessité du sommeil. Si vous faites une nuit blanche ou quasiment, vous avez certainement observé que le matin de cette nuit blanche, votre humeur est en berne, vous avez envie manger plutôt des aliments sucrés, pas forcément bons pour votre santé, vous n’avez pas de force pour les activités endurantes, quelques maux de têtes, etc … et pour finir, vous êtes sujet à attraper une maladie plus facilement. Le sommeil est OBLIGATOIRE pour la santé de l’être humain. On sait aujourd’hui que l’on ne peut pas faire sans.

Y a-t-il un nombre fixe d’heures recommandées ? Ou bien, chaque corps a un cycle différent ?

Oui tout à fait. Après des années de recherches et grâce encore une fois aux neurosciences et à l’avancée technologique, nous savons comment le cerveau se développe et l’impact qu’il a sur le sommeil. Un enfant en bas âge a besoin de beaucoup de sommeil et ceci est une évidence pour tous. En revanche, ce que l’on sait moins c’est qu’à l’adolescence, le cerveau subit une autre transformation significative qui va altérer l’horloge interne pendant quelques années déterminant ainsi le type de dormeur que l’on sera. Effectivement les ados sont durant cette phase des lève-tard de fait et ils n’y peuvent rien, c’est biologique. Sur ce point je pense que l’école n’est plus adaptée mais c’est un autre sujet. Enfin, à l’âge adulte et ce jusqu’à notre dernier souffle, c’est 8 heures qu’il nous faut pour un sommeil de qualité, pas beaucoup plus et pas beaucoup moins. Avec moins de 6 heures par nuit, on diminue notre système immunitaire d’environ 70% … c’est vous dire l’importance du sommeil et surtout du nombre d’heures.

Peut-on parler de « couche-tôt » et « lève-tard » ? 

Oui totalement. L’excellent livre de Matthew Walker (« why we sleep ») neuroscientifique qui a travaillé plus de 20 ans sur le sommeil, montre qu’il n’existe que trois types de dormeur à l’âge adulte. Les couche-tôt, les lève-tard et les entre-deux. Une fois que vous avez déterminé votre type de dormeur et donc la fourchette horaire pour vous coucher et avoir vos 8 heures de sommeil, essayez de ne plus y déroger. Il n’est donc pas naturel de travailler durant la nuit. Ceci peut causer des maladies sur le long terme comme des cancers et autres. L’être humain est un animal diurne !